
Le monde est loin d’en avoir fini avec le nouveau coronavirus, alors que l’épidémie n’en est qu’à ses débuts dans la plupart des pays, a averti mercredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Ne vous y trompez pas : nous avons encore un long chemin à parcourir. Ce virus nous accompagnera pendant longtemps », a prévenu le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis le siège de l’agence onusienne à Genève.
Alors que les manifestations anti-confinement surgissent ça et là, comme aux Etats-Unis et au Brésil, le patron de l’OMS a estimé que ces rassemblements ne feront qu’alimenter l’épidémie.
Perpétuels appels à la prudence
Dans les pays, notamment européens, où les mesures de confinement des populations mises en place le mois dernier commencent à être allégées, la crainte d’une seconde vague de contaminations est omniprésente et les appels à la prudence fréquents.
« L’un des plus grands dangers auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui est la complaisance » face à la pandémie, a ajouté le patron de l’OMS, soulignant que « les premiers éléments indiquent que la majeure partie de la population mondiale reste susceptible » d’être infectée.
On s’en sortira, mais quand ?
La pandémie de nouveau coronavirus a fait plus de 180.000 morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles.
Alors que 759 décès étaient enregistrés en Grande-Bretagne au cours des dernières 24 heures, portant le bilan dans le pays à 18.000 morts, le chef des services sanitaires britanniques, Chris Whitty, a douché les espoirs de ceux qui espéraient que Londres allait suivre la tendance européenne à alléger dans les semaines à venir les mesures de confinement.
« A long terme, on s’en sortira (…) idéalement avec un vaccin très efficace (…) ou des médicaments très efficaces qui permettront aux gens de ne plus mourir de cette maladie, même s’il l’attrapent », a-t-il dit.
« Jusqu’à ce que nous ayons ceux-ci – et la probabilité de les avoir dans l’année qui vient est incroyablement faible, et je pense que nous devons être réalistes à ce sujet – nous devrons compter sur d’autres mesures, sociales, qui sont bien sûr très perturbatrices », a-t-il prévenu.
Actuellement, cinq projets de vaccin dans le monde en sont aux essais sur des humains mais la mise au point d’une formule efficace et sûre ne devrait pas prendre moins de douze à 18 mois, estiment les experts.
En attendant ce vaccin, dont le monde entier voudra disposer en même temps et dont l’obtention risque de donner lieu à une compétition féroce, la pandémie va continuer à alimenter une crise économique mondiale aux répercussions inédites.
Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi soir qu’il avait signé un décret limitant temporairement l’immigration dans son pays.
« Cela permettra de nous assurer que les Américains sans emploi (…) soient les premiers à pouvoir bénéficier des emplois au fur et à mesure de la réouverture de l’économie« , a-t-il déclaré.
Devenu premier foyer mondial de l’épidémie avec plus du quart des 180.000 décès recensés, les Etats-Unis paient un lourd tribut, 22 millions d’Américains s’étant inscrits au chômage en quelques semaines.
Le président américain Donald Trump s’exprime depuis la salle de presse de la Maison Blanche le 22 avril 2020Le président américain Donald Trump s’exprime depuis la salle de presse de la Maison Blanche le 22 avril 2020 ( MANDEL NGAN / AFP )
Accusé d’avoir longtemps minimisé la portée de la pandémie qui contraint plus de la moitié de l’humanité à rester confinée, M. Trump a indiqué suspendre pour au moins 60 jours l’attribution de cartes vertes offrant un statut de résident permanent.
Dans un monde à l’arrêt, les dirigeants cherchent toujours à juguler les effets d’une crise économique que le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation internationale du travail (OIT) décrivent comme la pire depuis 1945.
L’ONU s’est alarmée d’une « catastrophe humanitaire mondiale » : le nombre de personnes souffrant de famine risque de doubler pour atteindre « plus de 250 millions d’ici la fin de 2020 », selon elle.
Aux Etats-Unis, comme en France ou au Royaume-Uni, de nombreux chômeurs doivent déjà se tourner vers les banques alimentaires.
Et la tentation est grande de relancer certaines activités économiques face au spectre de la récession.
Mais « aller trop vite serait une erreur », a estimé mardi la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays a décidé entre autres de rouvrir certaines grandes surfaces.